La boxe est une discipline sportive étroitement liée au poids de l’athlète.
Les fameuses « sèches » des boxeurs sont bien connues : elles démontrent qu’il est possible de moduler son poids en fonction des besoins… mais sans faire n’importe quoi.
Nous avons rencontré Bernard Bonzon (BB), ancien sportif professionnel, aujourd’hui responsable des entraîneurs et du groupe compétition au Boxing Club de Martigny. Il nous explique la démarche mise en place pour accompagner les jeunes boxeurs au sein de la structure.
PS : Bernard, tu connais bien ton sujet, la boxe. Peux-tu te présenter ?
BB : J’ai commencé la boxe vers 16 ans. J’avais pratiqué un peu de foot et de hockey, mais je cherchais un sport individuel, où je ne dépendrais pas des autres pour réussir. Par hasard, je suis tombé sur un combat de boxe aux JO de Los Angeles à la télé. Je me suis renseigné auprès du club de Martigny, où s’entraînaient à l’époque des champions emblématiques. Ma rencontre avec Reynald Iten a été décisive. Il m’a transmis la passion de la boxe.

En tant que boxeur, j’ai évolué d’abord en amateur, en équipe suisse, puis je suis passé professionnel en boxe olympique (anglaise) à l’international. J’ai combattu jusqu’au championnat d’Europe et j’ai été classé mondialement dans les années 1987-1988. Pour atteindre mes objectifs, je me suis entouré des meilleurs encadrants possibles.
PS : Puis tu es devenu coach. C’était une évidence ?
BB : Non, pas forcément. Je n’avais jamais vraiment envisagé de coacher. Mais certains événements personnels m’ont fait changer de perspective. J’ai passé mes formations J+S en olympique et compétition, puis je suis revenu dans mon club de cœur, à Martigny, il y a trois ans.
Avec Domenico Savoye, l’actuel président du club, nous formons un bon binôme : je transmets mon expérience sportive, et lui apporte son savoir-faire d’entrepreneur.
PS : Quel est ton rôle auprès des jeunes en tant que coach formateur ?
BB : Pour moi, transmettre ce que l’on m’a appris est essentiel. C’est un aboutissement.
Un entraîneur, c’est aussi un éducateur. Il faut savoir rester neutre, mais toujours amener le maximum avec des lignes claires.
J’ai choisi de m’occuper du groupe compétition car je veux les amener à la performance. Je suis là pour les pousser à se dépasser, à découvrir ce qu’ils ignorent encore d’eux-mêmes.

PS : Et c’est dans cette dynamique que vous avez intégré des suivis complémentaires ?
BB : Au départ, je donnais mes propres conseils. Mais nous avons vite compris l’intérêt de faire appel à des spécialistes pour progresser. Cela donne une vraie crédibilité à notre structure et rassure les athlètes. Nous avons donc mandaté une nutritionniste pour accompagner les jeunes.
PS : Le poids est un élément clé en boxe. Peux-tu expliquer pourquoi ?
BB : En boxe, le point de départ, c’est le poids. L’idéal est d’avoir des athlètes grands mais pas trop lourds, pour maximiser le rapport poids/puissance. C’est un équilibre essentiel. Mais les jeunes sont en pleine croissance, donc il faut éviter toute dérive.
PS : Comment déterminez-vous la bonne catégorie pour un jeune boxeur ?
BB : On commence par l’intégrer à un groupe de son gabarit. On observe s’il est à sa place ou non. Le poids de forme s’impose naturellement avec l’expérience, même s’il y a des sacrifices. Une fois le poids stabilisé, on peut penser à la compétition.

PS : Ces sacrifices, ce sont les fameuses “sèches”. Sont-elles difficiles à vivre ?
BB : À l’époque, pour moi, boxer comptait plus que manger (rire) !
Je mangeais uniquement pour être performant, car je voulais gagner. Cela fait partie des sacrifices. Le boxeur apprend à se connaître, à savoir ce qui est bon pour lui. C’est ce que je veux transmettre aux jeunes… mais sans les épuiser. D’où l’importance de l’accompagnement par un professionnel de la nutrition.
PS : La nutrition est-elle un élément clé dans la boxe moderne ?
BB : Oui, totalement. Quand on entre dans la compétition, le rapport au poids devient stratégique. Le boxeur doit savoir comment gérer son alimentation au quotidien, avant/après la pesée, avant/après un combat, sans créer de carences. Avec un professionnel à ses côtés, c’est plus sain et plus efficace.
PS : Et les jeunes, comment réagissent-ils à ces contraintes ?
BB : Au début, ils ne s’en rendent pas toujours compte. Mais dès qu’ils passent en boxe olympique, ils comprennent vite. L’entraînement est exigeant, et s’ils sont trop lourds, ils doivent en faire plus. Ils apprennent à gérer leur poids — donc leur nutrition.
Ceux qui sont passionnés s’y investissent. Les ateliers avec la nutritionniste sont bien accueillis. Ils font leurs propres expériences et comprennent qu’ils ont besoin d’être encadrés.

PS : Pour conclure : quel est l’avantage, aujourd’hui, pour un boxeur qui maîtrise sa nutrition ?
BB : Il se fixe des objectifs clairs, améliore ses performances, et ne perd pas son temps.
La boxe, c’est une question de discipline et de stabilité. Quand on sait où l’on se situe, physiquement et mentalement, on progresse. L’évolution doit rester proportionnelle au poids-puissance. Le combat devient alors la récompense de tout le travail accompli… y compris sur le plan nutritionnel.
Un club en pleine évolution
L’engagement de coachs professionnels dotés d’une grande expérience, à l’image de Bernard Bonzon, donne une véritable dynamique au Boxing Club de Martigny.
Il y a deux ans, Bernard a repris le groupe compétition avec peu de monde. Aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes :

« Lors du meeting féminin à Martigny, le 8 mars dernier, nous avons rencontré un grand succès pour notre sélection suisse. Nos quatre filles ont gagné. Désormais, j’ai 12 licenciés. Mes filles sont toutes devenues championnes suisses ou romandes. On passe à un niveau international ! », conclut Bernard avec fierté.
Texte : Julia Delattre
Photos : Boxing-Club Martigny