Florian, lui, ce qui l’intéresse, c’est la vitesse. Que ça soit sur ses patins de hockeyeur ou avec son kart, il faut que ça déménage ! À 17 ans, l’apprenti dessinateur en architecture a déjà plus d’une corde à son arc. Nous retraçons avec lui son parcours en tant que jeune pilote de karting.
Déjà une 4e saison sur les chapeaux de roue. Le Valaisan originaire d’Ardon a apprivoisé le karting au fil des années. C’est en voyageant en Espagne où il se rend depuis tout petit en famille que, chaque été, il s’est essayé à cette discipline. Le karting de location pendant quelques années, c’était bien, mais Florian espérait passer à la vitesse supérieure…
Florian avec son manager Pablo Quinteiro.
Vers l’âge de 12ans, père et fils vont se balader sur le site d’une des plus grandes pistes de karting espagnoles et tombent sur une équipe organisatrice d’un grand prix (sur piste de location). En discutant avec les pilotes, le groupe propose à Florian de rouler avec eux : il arrive 2e.
« À cet instant, j’ai eu le déclic ! », nous explique le jeune homme. Le binôme Esteve – car derrière les prouesses du fils, il y a l’incroyable motivation et dévouement du papa, Joe – réalise alors que c’est possible de faire du karting de compétition : la machine était lancée. De retour en Suisse, ils se renseignent pour acheter un bolide d’occasion sur des sites de revente. C’est en fouillant qu’ils trouvent les bons filons et les adresses, découvrant ainsi que l’importateur suisse de kart de la marque BirelArt se situe juste à côté de chez eux à Martigny. Coup du hasard ?Puis tout s’est enchaîné…
Du loisir à la compétition.
Le contact établi avec ce fournisseur, Florian possède désormais un kart BirelArt et roule pour le Team Saeba karting ; il s’agit d’un modèle X30 mono-vitesse de 125 cm3, d’environ 30 CV pour un poids de 85 kg. Le jeune sportif nous relate : « Je me suis d’abord lancé en junior et assez vite, je suis passé à la catégorie Elite (appelée maintenant Senior) ; je n’avais pas encore mes 14 ans, j’étais le plus jeune pilote. » En 2021, le Valaisan est effectivement désigné meilleur jeune du championnat et élu meilleur « rookie » de l’année dans sa catégorie. Puis, lors de sa première année dans la catégorie Senior, Florian finit dans le top 10, soit 8e sur une quarantaine de pilotes. Le jeune homme avait clairement trouvé sa voie.
Des déplacements, en vois-tu, en voilà.
Il faut savoir que le championnat suisse organisé par l’Auto Sport Suisse (ASS) se passe essentiellement en Italie et en France. Seule la manche de finale se tient bel et bien en Suisse sur le circuit de Wohlen en Argovie. En effet, les Italiens semblent avoir une longueur d’avance dans cette discipline, surtout au niveau des infrastructures. « Ils ont une qualité de circuit où l’on peut pousser en ligne droite jusqu’à 170 km/h », sourit le jeune pilote.
De belles opportunités.
Florian a également pu saisir la chance d’intégrer le programme « jeunes pilotes » de la Fédération suisse, nommé le projet Young Drivers. Réédité en 2023, le projet s’adresse aux pilotes de karting talentueux nés entre 2006 et 2008 et a pour vocation de les accompagner non seulement pour des entraînements physiques, mais également dans le cadre de leur développement médiatique ainsi que sur le plan des performances de conduite, et ceci pendant une saison entière. Il nous explique : « On a plusieurs journées organisées avec des coachs physiques et des cours de préparation au relationnel, aussi des entraînements avec des simulateurs. C’est une formation continue qui se termine avec l’occasion de pouvoir rouler sur une Formule 4 !
Ce programme pourrait lui ouvrir d’autres portes, surtout que, grâce à son année de naissance, il a le droit de poursuivre encore sur une saison supplémentaire.
2024 une année de transition.
Après une saison 2023 à demi-teinte (12e rang sur 34 pilotes, dû à plusieurs accrochages d’autres pilotes dont il s’est souvent malheureusement retrouvé affecté), cette saison pour Florian est le moment de rentrer dans la cour des grands. A 17 ans, il est juste en train de changer de catégorie et teste son nouveau jouet : « Un kart avec boite à vitesses ; c’est la catégorie KZ. Du point de vue de la puissance, c’est autre chose ! Il fait 55 CV avec six vitesses séquentielles. Il peut passer de 0 à 100 en 2.5 secondes…», nous raconte-t-il, l’excitation au bord des lèvres. Lorsque nous lui demandons comment il se sent par rapport à ce grand changement, il ne semble pas inquiet. Serein, il nous répond : « J’ai toujours aimé la vitesse, je ne ressens pas de peur particulière. Je prends cette évolution de manière naturelle ». En soi, Florian est le bon exemple du « partir de rien, savoir saisir les opportunités, se donner les moyens et réaliser ses rêves ».
Les objectifs pour la saison prochaine ?
Le clan Esteve prendra comme ça vient. Le pilote nous confie : « Le championnat suisse propose un très bon niveau, c’est déjà bien ! ». « Peut-être je participerai aussi à quelques trophées avec mon kart à vitesses. » Pour l’instant, le jeune pilote ne vise pas plus haut, il reste humble sur le fait de pouvoir concilier ses études, le hockey et le karting et ainsi se laisser la chance de profiter de toutes ces activités qu’il aime sans s’imposer de surcharge.
Avec un petit clin d’œil, le papa Joe précise : « Et puis, cela dépendra aussi de si l’on arrive à boucler le budget… Nous sommes très reconnaissants envers les partenaires qui nous suivent, mais il faut toujours continuer les recherches, mettre des actions en place afin de récolter des fonds. Le sport automobile, c’est un engagement financier important. Mais bon, quand on aime… ».
Vu la passion qui anime ces deux-là, on peut croire qu’il y aura encore de belles aventures à venir.
Texte : Julia Delattre
Crédits photos: C. Eichenberger, Printh 24 et STV Kart Racing