Le valaisan de Collonges dévale les pistes caillouteuses sans peur ni crainte. Rencontre avec Gilles Mottiez, un sportif solaire et heureux.
Bonjour Gilles, parlez-nous de votre parcours sportif comment tout cela a commencé ?
Ayant grandi dans une famille active et sportive « plaisir », le monde de la compétition m’était inconnu jusqu’à relativement tard. J’ai bien tenté le football, mais plus parce que tout le monde faisait du football à l’école primaire. C’est vers l’âge de 12-13 ans que je me suis pris au jeu à essayer de rejoindre notre chalet aux Monts de Collonges en vélo. Au début, j’essayais simplement d’y arriver (quand même 6km à 9.5%), puis petit à petit j’essayais de le faire sans pause, puis le plus vite, … bref, je me suis retrouvé à ma première course de VTT à Saillon, je devais avoir 14 ans. J’y ai obtenu mon premier podium, ce qui était une belle surprise.

J’ai pratiqué le VTT pendant plusieurs années, toujours plus sérieusement, mais en mettant la priorité sur les études. Durant ma dernière année à l’école d’ingénieurs, j’ai fini 3ème des championnats suisses de cyclocross U23 à Bramois. Ça a été le déclencheur : j’ai obtenu ma place en équipe nationale de cyclocross, une place en coupe du monde, … Simultanément, comme je finissais mes études, j’avais enfin le temps de m’y consacrer plus sérieusement. Et c’est comme ça qu’ont débuté mes 6 années de compétitions internationales en cyclocross.
Imaginons deux secondes, vous dans une autre discipline sportive ce serait laquelle ?
J’adore le skimo, donc ça pourrait être une option. Mais sinon, je ne sais pas franchement, de manière générale j’aime bouger, les montagnes, … J’ai toujours aussi été fasciné par le tennis (même si je ne suis pas forcément les matchs et tournois), bref, dur de donner une réponse claire 😉
Pédaler, rouler c’est une envie une passion un besoin ou les trois ?
C’est une envie, devenue passion puis plus ou moins un besoin ! Comme dit auparavant, j’y suis venu de manière très progressive, et sans forcément un jour aspirer à une carrière. Ce qui est sûr, c’est qu’autant j’adore rouler pour découvrir de nouveaux paysages, trails et routes, autant je « déteste » les sorties répétitives sur les mêmes routes, sans nouveauté. J’ai besoin de rouler, mais aussi d’être constamment stimulé par des nouveautés, du changement.

Votre plus beau souvenir dans le cyclocross…
Jusqu’à il y a 10 jours en arrière, j’aurais dit le championnat suisse à Bramois lors duquel j’avais obtenu le bronze devant ma famille, mes amis, … Mais depuis dimanche dernier, je pense qu’en terme d’émotions, de partage et de plaisir, le championnat suisse de Montreux surpasse tout cela, même si le résultat n’était pas autant fabuleux. Voir toutes ces personnes venues spécialement pour ma dernière course en Suisse m’a profondément touché, et j’ai lâché quelques larmes sur la ligne d’arrivée.
D’un point de vue purement sportif, je pense que le championnat d’Europe de VAM Berg aux Pays-Bas était le moment où je me suis rendu compte de mon potentiel. J’y avais obtenu la 16ème place, battant plusieurs coureurs qui terminaient normalement toujours devant moi.
Parlez-nous de ce championnat suisse qui s’est déroulé à Montreux. Belle expérience et rendez-vous le mois prochain ?
Effectivement, expérience incroyable que de finir ma carrière par un championnat suisse à la maison, devant un public acquis à ma cause (et aux Romands en général). D’un point de vue de ma performance, c’est un peu mi-figue mi-raisin. J’ai eu une période compliquée en rentrant de Belgique fin décembre avec la grippe, et la préparation pour Montreux a été tout sauf facile. Malgré tout, à 2 tours de l’arrivée je suis à 10 secondes de la 4ème place, avant de me tasser un peu en fin de course et de finir 6ème. Je suis forcément déçu, mais d’un côté, ça ne change rien. L’essentiel était ailleurs ce jour-là.
Pour la suite, effectivement, il me reste 2 courses : la finale de la coupe du monde à Hoogerheide le 26 janvier, puis le mondial le 2 février à Liévin.

Quelles sont vos influences dans ce domaine ?
Je n’ai pas un coureur que j’admire plus que tout, mais si je devais en citer un ce serait Timon Rüegg. Lorsque nous étions coéquipiers au Cross Team Legendre, il m’a énormément appris. Nous étions « roomies », c’est-à-dire room mates, lors de chaque déplacement nous étions en chambre d’hôtel ensemble, et ainsi, nous avons tissé de forts liens. De plus, nous étions au début les 2 seuls Suisses de l’équipe, ce qui nous a considérablement rapprochés.
Après, si je devais choisir un coureur « star », je pencherais du côté de Wout van Aert, pour ce côté « simple » qu’il dégage : il vient à vélo sur les cyclocross, il a sa famille avec lui, …
Est-ce que la peur et l’ adrénaline ont leur place en compétition ou pas du tout ?
Oui, notamment au départ. Certains départs sont très scabreux et le risque de chute est présent. On essaie de ne pas y penser, mais ce n’est pas toujours évident. J’ai chuté en début de saison au départ, et les quelques courses suivantes ont été particulièrement difficiles à gérer au moment du départ. Heureusement j’avais fait un gros travail mental là-dessus avec une psychologue du sport, et les outils qu’elle m’a expliqués m’aident encore aujourd’hui.
Côté adrénaline, on est sous une forme d’adrénaline constante durant l’heure de course, tant c’est intense, mais d’autant plus lorsqu’on passe proche d’une chute. On chope un gros coup d’adrénaline qui nous remet un peu en place, ou au contraire, nous grise un peu plus !
Thé ou café ?
Honnêtement, ni l’un ni l’autre, j’aime les 2, mais je n’y suis pas accro. Je peux facilement faire 2 semaines sans café si l’endroit où je me trouve n’a pas de café potable. Cependant s’il y en a, j’en prends volontiers un par jour, mais jamais je n’irai exprès chercher un moyen d’avoir une dose journalière de caféine 😉 Et pour le thé, c’est juste quand je suis malade ou qu’il fait vraiment froid.

Gilles Mottiez en 3 mots ?
Impliqué, passionné, et multi-tâche !
Interview : Stéphanie Rossier
Photos : Elisa Haumesser