Passionné de ski depuis tout petit, Christophe Torrent manie les bâtons de ski comme jamais. A 25 ans, il côtoie les plus grands sur les plus belles pistes de ski nationales et internationales.
Rencontre avec un jeune athlète on ne peut plus sportif.
Christophe Torrent bonjour, parlez-nous de votre parcours professionnel. Comment tout a débuté ?
Mes parents m’ont mis pour la première fois sur les skis à l’âge de 2 ans. A 6 ans, j’ai commencé la compétition en étant membre de l’ Anzère ski team. J’ai ensuite continué à gravir les échelons petit à petit en intégrant ski Valais à 12 ans ainsi que le NLZ Ouest 5 ans plus tard.
Malgré une superbe première saison en FIS, j’ai dû faire preuve de patience et de persévérance avant d’intégrer les cadres de Swiss Ski. En effet, un certain nombre de blessures a fortement ralenti ma progression et c’est seulement 7 ans plus tard que mes résultats ont été suffisamment bons pour directement atteindre le cadre B.

Après deux podiums en coupe d’Europe lors de la saison 2022/2023, j’ai effectué ma première coupe du monde l’année passée sur la mythique piste de kitzbühel. Je suis actuellement membre du groupe coupe du monde 2 de Swiss Ski. En parallèle du ski, il me tenait à cœur de poursuivre mes études. J’ai effectué un apprentissage de géomètre et une maturité professionnelle en santé social à distance. Depuis 2022, je me consacre de manière professionnelle à mon sport.
Quelles sont les personnes dans ce domaine qui vous ont influencé dans votre carrière ?
Étant plus jeune, j’étais un grand fan de Didier Cuche. Ses exploits me faisaient vibrer devant la télé. Je pense d’ailleurs que cela a fortement influencé le choix de m’orienter dans les disciplines de vitesse. J’adorais aussi la mentalité de Bode Miler, même si elle est très éloignée de la mienne. C’était une tête brûlée alors que je suis quelqu’un de très réfléchi. Je pense que le monde du ski alpin aurait besoin de plus d’athlètes comme lui afin de rendre notre sport plus attractif.

Imaginons 2 personnalités qui feraient un Kitsbühl en même temps que vous. Ce serait qui ? Et pourquoi ?
Je pense que Kitzbühel est trop dangereux pour choisir d’autres personnes que des skieurs. Je connais même certains athlètes qui n’ont jamais osé s’élancer alors qu’ils en avaient la possibilité. Cela montre la difficulté et la dangerosité de cette piste. Ma réponse se tourne donc forcément vers des skieurs. Je vais d’ailleurs citer les deux mêmes noms que dans la réponse précédente.
En premier, je choisis Didier Cuche. Il maîtrisait et domptait parfaitement la piste de la Streif. Je pourrai donc lui demander de précieux conseils.

En deuxième, je vais dire Bode Miller. Il pourra m’expliquer comment skier sur les filets à la sortie du Steilhang, comme il l’avait fait en 2008, au lieu d’y rester accroché et de tomber comme je l’ai fait l’année passée.
Quelle musique écoutez-vous avant une grosse compétition ? MON ROI de Youssoupha ou une autre ?
Avant de monter au départ d’une course, j’écoute toujours les trois mêmes musiques dans un ordre bien défini.
1. Big City Life de Mattafix
2. Funeral de Band of Horses
3. Mon reuf de Nekfeu
Je sais que ces choix peuvent surprendre car ce sont des musiques plutôt calmes. Mais c’est exactement ce dont j’ai besoin pour être performant. Ces chansons m’aident à me mettre dans ma bulle et à me focaliser sur moi-même.

Quels rituels avez-vous un jour avant une grande descente de ski ?
Mon rituel est très précis, je l’ai même écrit dans un carnet que je lis de temps en temps afin de ne rien laisser au hasard. Je ne vais pas vous l’expliquer en détail car cela vous prendra beaucoup trop de temps pour le lire.
La veille, avant de m’endormir, je me remémore quelques points clés techniques et mentaux pour être performant le lendemain. Le jour de la course, après le déjeuner, je fais un réveil musculaire d’une vingtaine de minutes. Sur les skis, j’essaie toujours, si le timing le permet, de faire deux pistes d’échauffement avant la reconnaissance. Après la reconnaissance, je fais retomber la pression en discutant et rigolant avec mes coéquipiers.
Je me mets gentiment dans ma bulle quand je me prépare pour monter au départ. On peut toujours me parler mais je suis déjà très concentré. Dans le portillon, je sais que j’ai fait tout mon possible en amont pour être performant, je suis dans l’instant présent et je pense juste à me faire plaisir et skier à l’instinct.
Plutôt une carrière nationale ou internationale ?
Dans mon sport, une carrière nationale n’est pas envisageable. Dès l’âge de 16 ans, en arrivant en FIS, nous nous confrontons aux athlètes des autres nations. En coupe d’Europe, le deuxième échelon du ski alpin, il est encore impossible de survivre financièrement. Seule la coupe du monde est suffisamment médiatisée pour attirer des sponsors et ainsi gagner sa vie. Pour ces raisons, je réponds logiquement carrière internationale.
Plutôt pêche à la mouche, blanche ou à pieds ? Et avec qui ? 🙂
Je suis un vrai pêcheur du dimanche. Après une grosse semaine de préparation physique, j’aime bien aller avec mes copains ou ma copine à l’Etang Long d’Arbaz où nous pouvons pêcher la truite. C’est un vrai petit coin de paradis, très calme, qui est idéal pour se ressourcer et se reposer en plein air.

Quels sont vos projets et vos objectifs pour l’an prochain ?
Cette saison, je vais jongler entre la coupe d’Europe et la coupe du monde. Je n’aime pas forcément donner d’objectifs précis. Beaucoup de paramètres rentrent en ligne de compte pour faire un bon résultat.
En coupe d’Europe, je vais essayer de jouer le plus possible devant. La coupe du monde sera différente. Je dois apprendre à connaître la plupart des pistes. Je vais devoir me qualifier lors des entraînements officiels pour participer à la course. Le but est d’emmagasiner un maximum d’expérience tout en sachant que je peux être très rapide sur ce genre de pistes qui sont bien plus techniques et difficiles qu’en coupe d’Europe.
Le plus beau cadeau de Noël qu’on puisse vous faire ?
Un top 30 lors des descentes de coupe du monde de Val Gardena ou Bormio serait un très beau cadeau de Noël. Pour cela, il va d’abord falloir que je me qualifie lors des entraînements qualificatifs les jours précédant la course.
Christophe Torrent en 5 mots ?
Travailleur, persévérant, perfectionniste, drôle et talentueux.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : Keystone et Agence Zoom