Arbitrage entre émotion et fair play, comment gérer ?

Sujet de débats et d’émotions, l’arbitrage occupe une place centrale dans le sport. Le Chablaisien Marc-Olivier Drapel (MOD), notamment connu pour ses nombreux engagements dans la vie associative et politique de la région, relève ce défi dans le Unihockey depuis 32 ans.

Il nous partage son parcours et sa vision d’un arbitrage juste et équilibré.

PS : Marc-Olivier, comment es-tu tombé dans le monde de l’arbitrage ?

MOD : J’ai créé le club Eagle’s UHC en 1992, il fallait nommer des arbitres. Je me suis porté volontaire car cela m’intéressait de pouvoir mieux comprendre les règles. 

PS : Tu étais déjà joueur de Unihockey avant ?

MOD : A la base j’étais fan de hockey-sur-glace que j’ai pratiqué en peu en junior à Villars. Puis j’ai joué au unihockey au club de Jongny 2 saisons, malheureusement ils avaient déjà leur effectif au complet. Ils m’ont suggéré de fonder un club Chablaisien. Alors je l’ai fait !

PS : Existait-il déjà des formations d’arbitrage?

MOD : Oui mais plus légères que maintenant. Pour devenir arbitre il fallait assister à une demi-journée de cours, c’était très folklorique. On était 8 arbitres Romands, mais il y avait aussi moins de ligues que de nos jours.

J’ai toujours arbitré des ligues plus hautes que celles au sein desquelles je jouais car il y avait un vrai besoin.

PS : As-tu trouvé les moyens d’acquérir un esprit fair play pour mener à bien ton arbitrage ?

MOD : Oui, chaque année il y a des cours et des examens. Au fil des saisons, tu grimpes naturellement dans la hiérarchie. Lorsque j’ai commencé, cette discipline était en pleine évolution et régulièrement de nouvelles règles étaient mises en place. Depuis quelques années, ça c’est stabilisé, désormais, on est sur des règles internationales. Nous avons de bons outils pour gérer notre mission.

PS : Te sens-tu bien encadré et soutenu face aux réactions parfois disproportionnées des fans ?

MOD : Oui, il y a un développement positif du soutien aux arbitres. De nouveaux outils d’arbitrages, des encadrements psychologiques et de la prévention avec des cours pratiques sur le terrain sont proposés. Depuis le Covid, des plateformes numériques avec des tests virtuels et des formations online ont été créées. 

C’est vrai que le monde de l’arbitrage ce n’est plus que siffler, désormais il y a de la pression au niveau émotionnel. C’est plus dur d’arbitrer aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Heureusement, dans le unihockey, nous ne sommes pas encore confrontés aux parents hooligans, ni chez les adultes d’ailleurs. Par principe, l’arbitre est hué mais ça reste bon enfant. 

PS : Comment gères-tu les possibles situations conflictuelles ?

MOD : Le unihockey reste un monde assez feutré et pas encore trop médiatisé, cela évite des étalages abusifs de situations problématiques. Nous sommes encore privilégiés, les joueurs et spectateurs sont assez fair play. Il y a des petites taquineries mais rien de grave.

Il faut connaître ses limites entre nos réactions émotionnelles et le fait de rester neutre. Personnellement j’arbitre surtout en Suisse Alémanique, je ne connais pas les équipes, c’est plus facile pour rester impartial. Parfois, ça chauffe un peu mais j’aime cette adrénaline et cela t’oblige à être encore plus juste. Je ne discute pas trop et tiens ma ligne, si je siffle c’est que j’ai vu et j’assume.S’il y a des réclamations, j’essaye de bien communiquer avec les coachs et anticiper pour désamorcer la suite du match.

PS : Qu’est ce qui te motive à continuer ?

MOD : C’est vrai que je suis un des rares à avoir autant d’années d’arbitrage en Suisse Romande ! En 2022 je voulais arrêter mais le comité était embêté  car il fallait me remplacer… J’ai alors suggéré que si un de mes fils était partant pour arbitrer, je pourrais continuer pour le former. Yoan a accepté et depuis 2 saisons nous arbitrons ensemble. Mes 2 fils jouent depuis petit au unihockey et ont aussi entraîné les jeunes. Yoan, le cadet, est actuellement gardien N°2 de la 1ère équipe en 1ère ligue avec les Eagle’s. En tant que papa divorcé, cela me comble, nous faisons pas mal de déplacements et profitons de passer des week-ends ensemble. Nous récupérons le temps perdu ! Aussi, ça lui offre la chance de commencer à arbitrer directement à un niveau intéressant pour lui. Maintenant les arbitres sont connectés avec des micros dans le casque, c’est super pour lui apprendre.

PS : Ton mot de la fin 

MOD : Je Souhaite continuer à partager ces temps d’arbitrage avec mon fils et aimerais l’amener à un bon niveau, après on verra !

Je rappelle que l’arbitre est un être humain qui a ses failles comme tout le monde. Les joueurs et supporters ne doivent pas oublier que les arbitres sur le terrain sont au même niveau que l’équipe qu’ils sifflent, et c’est juste.

Texte : Julia Delattre

Photos : Archives Marc-Olivier Drapel

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